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Ceci n'est pas un sapin...

Noël à la BU : le poids des mots

Pas plus que la fameuse pipe du tableau de Magritte (1927) n’en était une, ce que vous voyez sur l’image ci-joint n’est pas un sapin !

Mais votre regard, dûment conditionné par cette atmosphère de fin d’année, vous portera sans doute à voir en filigrane, dans ce tas de livres savamment empilés, un de ces fameux conifères que la tradition impose d’accompagner, une fois l’an, de force boules, guirlandes et paquets cadeaux. Clin d’œil laïque à Noël, cette réalisation artistique inédite – une « installation », diront les doctes -  est le fait des personnels de la BU Martinique. On notera qu’à leurs talents de créateurs hors pair, ces valeureux fonctionnaires ajoutent des capacités de récupérateurs très en phase avec les préoccupations écologiques de l’époque : qui aurait jamais songé à utiliser les pages de « Une » de France Antilles, si riches en faits divers angoissants, comme papier cadeau ? L'autre pari associé à cette réalisation renvoie à l'impératif, pour un service public, de respecter la loi sur la laïcité : pas question d'encourir la moindre critique à cet égard en raison de la présence connotée d'un sapin dans nos locaux. Mais cette loi, pour autant que l'on sache, n'interdit pas de composer une oeuvre éphémère évoquant d'assez loin un motif traditionnel et religieux, et d'assez près la matière première qui fournit sa raison d'être aux bibliothèques.

Comme dans le tout-venant des relations humaines, l’amour des livres passe aussi par les phases déchirantes de séparation et d’élimination. Si un livre (au plan intellectuel) est appelé à durer, les exemplaires qui supportent matériellement son contenu n’ont qu’une période de vie limitée, plus encore quand il s’agit d’ouvrages de bibliothèques. Lu et relus, écornés, surlignés, outragés, malmenés de mille façons, les ouvrages, une fois atteint un stade critique de détérioration, sont éliminés des rayonnages sans pitié. Cette opération porte le nom de désherbage, ou mise au pilon ; elle fait partie du cycle normal de la vie d’une bibliothèque. La plupart des ouvrages élagués sont rachetés pour offrir aux usagers des éditions récentes (manuels, essais, romans...), d’allure plus présentable.

Un autre critère peut justifier qu’un ouvrage (de type documentaire) soit ainsi retiré du fonds d’une bibliothèque n’ayant pas vocation à conserver éternellement : la validité ou l’actualité de son contenu. Ainsi, un livre sur l’état de la France datant de 1978 ou un autre sur les épreuves des concours d’enseignement (Capès, agrég.) de 2005 présenteront une information périmée qui n’aidera pas forcément l’étudiant dans son travail... 

Que toutes ces graves considérations ne vous empêchent pas de passer de bonnes fêtes ! 

Sur le(s) sujet(s)

  • OpenEdition - revues en SHS (libre accès)

Laurence Pen, « L’œuvre de Magritte dans les écrits de quelques artistes contemporains », Textyles [En ligne], 40 | 2011, mis en ligne le 01 janvier 2014

Bernard Bosredon, « Les titres de Magritte : surprise et convenance discursive », Linx, 47 | 2002,

En rayon à la BU